Abdoul Malik SEIBOU, Maire de Djougou, nous parle de l’audit de EFOB
En octobre 2020, trois membres de EFOB ont conduit une mission d’audit état des lieux de trois Communes du Bénin, Cotonou, Djougou et Covè.
Deux ans après, nous sommes allés recueillir pour vous, les avancées réalisées par M. Le Maire de Djougou depuis cet audit pour ses administrés et pour le rayonnement de sa Ville.
Abdoul Malik SEÏBOU, un maire en action et en symbiose avec ses administrés.
Maire de la Commune de DJOUGOU, quels sont les atouts de votre ville?
Entrée du Palais du Royaume de KILIR
La Commune de Djougou est située dans la partie septentrionale au Nord-ouest du Bénin dans le département de la Donga.
Djougou commune cosmopolite du Nord Bénin, troisième en matière de population est un carrefour de l’espace CEDEAO. Elle s’étend sur 3 966 km2 avec 12 arrondissements et une population estimée à plus de 327 184 habitants en 2020 (Projection INSAE, RGPH4, 2013). Région convoitée par les Allemands et les Français, elle est finalement tombée dans l’escarcelle de la France. Elle est située à 461 km de Cotonou capitale économique du Bénin, à 35 km de la frontière du Togo, à 550 km de Ouagadougou, à 667 km de Niamey, à 950 km d’Abuja, à 600 km de Lagos, à 1500 km de Bamako et à 2390 km de Ndjamena.
Jadis située sur la route de colas, Djougou est une véritable place d’échanges commerciaux. Les potentialités humaines et naturelles de la Commune sont énormes. Djougou se dresse au croisement de six axes routiers importants, ce qui lui vaut sa renommée de « la ville carrefour aux six entrées. »
Bas relief et entrée de la cour intérieure du Palais du Royaume de KILIR
Ces potentialités sont soutenues par son caractère très intégré dans l’économie nationale, sous-régionale et internationale, grâce à ses marchés qui lui permettent d’entretenir diverses relations commerciales avec des communes du Bénin, mais aussi avec les pays voisins (Togo, Nigeria, Burkina-Faso, Ghana, Mali et Niger).
Chef-lieu de la Commune, la Ville de Djougou est aussi le Chef-lieu du Département de la Donga. La Commune de Djougou est assez bien arrosée (1 000 à 1 500 mm pour 75 à 140 jours de pluie).
Les ressources naturelles dont elle regorge sont entre autres : les sols argilo-sableux ou latéritiques favorables à l’agriculture, les bas-fonds, les barrages, des retenues d’eau, des ressources minières (sable, gravillon, latérite) et des ressources touristiques diversifiées (palais, forêts sacrées, forêts classées, massifs forestiers, pierres mystérieuses, marres, collines, nappes, etc.)
L’économie de la Commune de Djougou est basée sur l’agriculture qui occupe 70% de la population active. Les principales productions sont : l’igname, le sorgho, le maïs, le mil, le niébé, le manioc, l’arachide et le coton. Les noix d’anacarde, le coton et les produits de cueillette (noix de karité, néré) sont les produits de rente.
Le commerce de produits manufacturés, de produits agricoles et d’animaux est la 3ème activité après l’agriculture et l’élevage. Le transport, activité connexe au commerce, est aussi important. Ces activités prennent de l’essor à cause de la position de ville carrefour et de transit qu’occupe le chef-lieu de la Commune.
Hôtel de Ville rénové de la Commune de Djougou
Quels sont les enjeux de développement ?
L’enjeu majeur de la Commune est lié aux contraintes de promotion des filières agricoles et de développement de l’économie locale.
Les défis majeurs soulevés sont persistants et concernent :
- L’inorganisation en filières de certaines spéculations prometteuses, la création des chaînes de valeurs ajoutées, l’encadrement et la disponibilité des intrants agricoles accessibles à tous les producteurs.
- L’exploitation irrationnelle et incontrôlée des ressources naturelles sans grand souci de leur préservation, de leur pérennisation et de leur régénération.
- La dégradation avec l’ensablement des cours d’eau qui entraîne l’amenuisement des ressources halieutiques, la disparition du pâturage, les risques climatiques que sont la désertification, les changements climatiques et leurs impacts socio-économiques.
A ce problème central, s’ajoute celui de la mobilisation des ressources propres de la Commune et le niveau d’équipement de la Commune.
La Commune de Djougou est caractérisée par le faible niveau des offres de services sociaux de base ainsi que le mauvais état des pistes rurales pour la circulation des biens et des personnes.
Les questions d’hygiène et d’assainissement de la Commune sont aussi des préoccupations majeures de la Commune.
En 2020, vous avez reçu une mission d’audit état des lieux conduite par les auditeurs de EFOB. En quoi est-ce que cet audit a été utile pour votre Commune ?
L’audit organisationnel a été très utile. Car il a permis de ressortir les forces et faiblesses, les points d’attention et les axes d’amélioration de la Commune.
Qu’avez-vous mis œuvre depuis et avec quels résultats ?
Salle d'accueil et d'écoute des usagers de la Commune, un point de progrès mis en œuvre en application des recommandations de l'audit
Nous avons travaillé non seulement pour renforcer les acquis mais surtout pour remédier aux faiblesses notamment grâce à:
- La gestion informatisée des actes de l’état civil avec l’appui de l’Agence Nationale d’Identification des Personnes;
- La mise en place du Centre Communal des Services Publics pour une gestion dématérialisée des actes des agents publics;
- La dynamisation du système de recouvrement des ressources propres.
- L’entretien des voies revêtues de la ville de Djougou.
Quels autres axes de travail verrez-vous avec EFOB?
Nous pensons que l’EFOB pourrait aider les Communes pour la redynamisation de la coopération décentralisée par un meilleur partage d’expériences dans l’optique de la solidarité internationale.
Vous êtes dans une région sensible, proche des pays touchés par la crise sécuritaire. Comment un maire peut-il prévenir ces risques sur sa Commune?
La réponse locale à cette question est à l’amélioration des conditions de vie socio-économique de gens désœuvrés en vue de réduire leur délinquance et par conséquent prévenir le chômage et l’extrémisme violent qui est occasionnée par la faible capacitation des jeunes.
Il faudra aussi sensibiliser les populations pour la coproduction de la sécurité publique avec l’appui des comités locaux de sécurité et la gestion des flux migratoires.
Merci à vous pour cet échange. EFOB a pris acte de votre volonté de redynamiser la coopération décentralisée dans un esprit de partage.
La Rédaction